Visual and visible : the powers of the eye in the poetry of W. Blake, W. Wordsworth and S. T. Coleridge
Le visuel et le visible : pouvoirs de l'oeil chez les premiers romantiques anglais - William Blake, William Wordsworth et Samuel Taylor Coleridge
Résumé
This study focuses on the way in which the leaders of the first Romantic generation questioned the epistemological legitimacy of the eye, in order to redefine both its perceptual limits and its creative powers. For Blake, Wordsworth and Coleridge, the eye is no longer the privileged means to understand the world or to celebrate the beauties of nature – as it used to be the case in the picturesque movement in 18th century England. From then on, the seeing eye looks back on itself and expands towards new directions. The romantic questioning of the status of the eye takes place in a broader epistemological context: scientific progress, especially when it comes to optics, gave way to new theories and debates regarding the nature of the visual organ. All three poets undermine the perceptual limits of the eye to define their own visionary aesthetics. Hence the decisive idea that the romantic eye is a reflexive eye: the first Romantic generation stages the numerous transformations of this self-conscious gaze, which is based on a tension between bodily and spiritual eye – Coleridge himself condemns the domination of mere visual perception, which he defines as « the despotism of the eye ». The first Romantics exhibit the flaws and the ambiguities of the eye, which reflects one’s subjective gaze, shaped by memories, dreams and imagination, but is also capable of creating virtual images or worlds. We suggest the idea that Blake, Wordsworth and Coleridge question the very nature of the act of seeing in a surprisingly modern way, which anticipates on contemporary reflections linked to the emergence of virtual reality and of the metaverse.
Cette étude se concentre sur la façon dont les représentants du premier romantisme anglais mettent en question la fiabilité de l’organe visuel pour redéfinir ses limites perceptives et ses pouvoirs créateurs. Chez Blake, Wordsworth et Coleridge, l’œil n’est plus l’instrument de la connaissance du monde ou le vecteur d’une célébration des beautés de la nature, comme dans la poésie pittoresque britannique du XVIIIe siècle. Désormais, l’œil voyant se prend lui-même pour objet. Le questionnement romantique sur l’organe visuel s’inscrit dans un dialogue nourri avec la science, en particulier grâce aux progrès de l’optique et à la naissance de l’optique physiologique au seuil du XIXe siècle. Les poètes interrogent les limites traditionnelles de la perception pour développer, chacun à leur façon, une poétique visionnaire. L’œil romantique est donc un œil réflexif : la mise en scène de cette réflexivité, de la vision et de ses aléas, nous servira de fil directeur pour analyser la spécificité de l’écriture romantique du regard, fondée sur une tension dialectique entre œil corporel et spirituel. Les premiers Romantiques contestent le primat de l’œil en tant que simple chambre d’enregistrement perceptive, ce que Coleridge nomme «the despotism of the eye»; ils exposent les failles et les aléas d’un regard irrémédiablement subjectif, formé et déformé par la mémoire, le rêve, l’imagination, créateur de virtualités nouvelles. Nous avançons l’idée que Blake, Wordsworth et Coleridge interrogent la nature même de l’acte visuel avec une modernité troublante, qui préfigure les questionnements actuels liés à la réalité virtuelle et au métavers.
Domaines
Littératures| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
|---|