Le ragioni di Benvenuto. Giustizia e retorica giudiziaria nella Vita di Cellini
Résumé
À partir de l’étude de l'intertexte évangélique inspirant les premières pages de ce récit (la parabole du fils prodigue et le discours de la montagne), et surtout en m’appuyant sur l’analyse détaillée d’un terme qui y est aussi omniprésent que polysémique – « ragione » –, je propose dans cet article de voir dans la juste rétribution non seulement un thème, mais bien un mobile essentiel de l’écriture de Cellini. La Vita adopte en effet très souvent les inflexions et les instruments du genre et peut à certains égards être considérée comme un très long plaidoyer de l’auteur. En insistant sur cette caractérisation rhétorique, j’ai voulu, dans mon étude, m’inscrire en faux contre certaines lectures romanesques ou novellistiche de la Vita pour souligner les motivations extra-littéraires, d’ordre psychologique, moral, socio-professionnel qui seraient à l’origine du texte : proche en cela du genre du memoriale, le récit de Cellini serait avant tout un exposé destiné à démontrer l’innocence, à illustrer les mérites, à défendre les droits et la réputation de l’auteur. Par cette approche, j’ai également voulu souligner la profonde différence qui existe entre l’écriture de Cellini et l’autobiographie moderne, ou plutôt ce filon central de l’écriture du moi qui s’inspire des Confessions d’Augustin pour construire une scène judiciaire dans laquelle le sujet est davantage le juge que l’avocat de lui-même et qui établit, entre le sujet écrivant et le sujet écrit, une distance très grande, produite généralement par un épisode de « conversion » servant de pivot au récit autobiographique (conversion dont j’essaie de démontrer l’absence dans la Vita, contre une tradition critique qui l’identifie dans l’épisode central de l’emprisonnement de l’artiste à Tor di Nona)
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)